Yusuf ; prince des Spahis

Quelle vie extraordinaire que celle de Yusuf, ce « Cheik-el-Baroud », seigneur des combats, comme l'appelait les Arabes ! Tout au long d'un XIXe siècle conquérant, les péripéties du général de l'armée française combattant les chefs des tribus arabes succèdent aux prouesses du jeune mameluk dont l'origine reste mystérieuse. En 1830, le jeune Yusuf intègre l'armée française d'Afrique. À partir de ce moment-là, l'ex-mameluk de Sa Hautesse le bey de Tunis devient sujet de Sa Majesté Charles X. Sa carrière est alors bien connue puisque son nom apparaît dans tous les coups de main et sur tous les champs de bataille qui donnèrent l'Algérie à la France. Mais on ignore les secrets de son enfance et de sa jeunesse orientale. L'auteur suggère de façon romanesque que l'enfant, de noble naissance, fut enlevé par des pirates et vendu au bey de Tunis. Son bouillant caractère le conduit des jardins du harem au corps des mameluks. Combattant téméraire à la solde du pacha, il mène des expéditions glorieuses. Sa fortune extraordinaire suscite des rancunes qui le forcent à fuir le palais du sultan. C'est ainsi qu'il rejoint l'armée française au moment de l'expédition d'Alger. Tout d'abord interprète, Yusuf forme bientôt une troupe de cavaliers autochtones d'une bravoure à toute épreuve et qui lui obéissent aveuglément. Il les habille de brillants burnous rouges qui claquent au vent : les chasseurs algériens, futurs « spahis », étaient nés ! Si son mode de vie à l'orientale est décrié, ses remarquables qualités militaires sont reconnues et bien employées. Le « prince des spahis » mène son escadron de victoires en victoires : il participe à l'expédition de Constantine et à la capture de la smala d'Abd-el-Kader, il lutte contre l'insurrection des cheiks arabes et mène les cavaliers bachi-bouzouks lors de la guerre de Crimée. Du 1er au 2nd Empire, notre fascinant héros s'éteint auréolé de gloire. Dans cette biographie romancée du général Yusuf, qui reçut en son temps le Prix Paul Flat de l'Académie française, Jean Busson nous transporte au soleil algérien. Son talent reconnu ressuscite les cavalcades héroïques de l'aventure coloniale française en Afrique. Le lecteur sent la poudre des canons qui tonnent sur la Casbah, entend les clameurs de guerre et le grondement sourd des sabots des chevaux, contemple les Hauts Plateaux de Kabylie et les étendues désertiques. Une page d'histoire exaltante !